Un bref historique de l’hypnose…:

Le terme hypnose trouve son étymologie dans le mot grec « hypnos » signifiant sommeil. C’est à l’initiative de l’anglais James Braid (1796-1860) que cette appellation sera préférée à celle de magnétisme, même si elle associe encore aujourd’hui inexactement transe et sommeil au yeux du public.

James Braid eût à cœur dissocier la modification volontaire de la conscience à des fins thérapeutiques, du célèbre « magnétisme animal » ou « fluide magnétique » du docteur Anton Mesmer (1734-1815).

C’ est ce « fluide universel » que Mesmer prétend rééquilibrer pour guérir ses patients lors de séances spectaculaires lui coûtant son départ forcé d’Autriche pour Paris.

James Braid par l‘utilisation de la fixation d‘un point, mais aussi ses prédécesseurs l’Abbé de Faria (1755-1819) et Alexandre Bertrand (1795-1831) par leur utilisation innovante des suggestions, démontrèrent que les passes magnétiques de Mesmer étaient dispensables pour créer un état de transe.

Les suggestions utilisées à l’époque pour induire la transe étaient d’ailleurs très directe à l’égard du patient, proches de ce que nous connaissons actuellement sous le nom d’hypnose classique ou de spectacle, popularisée par exemple dans les années soixante dix avec Dominique Webb et son fameux « dormez, je le veux ! », lors de séquences télévisées mémorables.

Les travaux de Mesmer en France furent discrédités et condamnés sans appel par deux commissions à la demande de Louis XVI malgré ses résultats étonnants.

L’un de ses élèves, le marquis de Puységur (1751-1825), sans renier les apports de son maître, apporte un éclairage plus contemporain à nos yeux . Non-médecin, répugnant à créer et gérer les « crises magnétiques », il travaille sur un état dit somnambulique et privilégie la mise en valeur des ressources du sujet grâce au « sommeil lucide » , en instaurant un véritable échange pendant celui-ci.

Puis vient le temps des premières anesthésies sous hypnose qui seront abandonnées avec l’apparition du chloroforme.

Le liégeois Joseph Delboeuf (1831-1896) mettra en lumière la relation particulière s’installant entre l’hypnotiseur et son patient, en terme d’influence et intention réciproques

Ensuite, c’est une querelle entre deux grands courants de l’hypnose qui va monopoliser son essor en France à la fin du 19ème siècle. L’école de la Salpêtrière à Paris, sous la figure tutélaire du neurologue Jean Martin Charcot (1825-1893), qui à partir de son travail sur l’hystérie voit dans la transe un état pathologique. A l’inverse, l’école de Nancy, représentée par les figures du médecin Auguste Liébault ( 1823-1905) et de Hyppolyte Bernheim (1840-1919), considère la transe comme une propriété naturelle et met en lumière l’impact des suggestions.

Le philosophe et médecin Pierre Janet (1859-1947) en fera la synthèse, liant l’hypnose à la psychanalyse par sa conception de l’inconscient.

Pourtant Sigmund Freud (1859-1939), élève de Bernheim puis de Charcot, en créant sa théorie de l’inconscient et en privilégiant la méthode des associations libres, va contribuer au déclin de l’hypnose déjà largement discrédité par ailleurs.

Les travaux du russe Ivan Pavlov (1849-1936) sur les reflexes conditionnés achève d’ôter à l’hypnose son côté « magique » au profit d’une théorie neurophysiologique. Quant à la méthode d’autosuggestion d’Emile Coué (1857-1929), pharmacien encore originaire de Nancy, elle ne trouve aucun écho en Europe mais assure sa fortune en URSS et aux Etats-Unis.

C’est là que naît en 1901 dans le Nevada, celui qui allait devenir un thérapeute hors du commun et transformer la pratique de l’hypnose. Daltonien, insensible aux rythmes musicaux, dyslexique, Milton Erickson est frappé à 17 ans d’une attaque de poliomyélite qui le paralyse complètement pendant un an. Il développe ses capacités exceptionnelles d’observation du langage et signes non verbaux en écoutant, observant les membres de sa famille. Remarquant fortuitement que le fauteuil à bascule sur lequel il fût un jour oublié bouge, il comprend que ce mouvement provient de lui, et entreprend avec acharnement sa propre rééducation, muscle après muscle, notamment en observant sa plus jeune sœur apprendre à marcher. Il rentre en faculté de médecine encore aidé de béquilles; puis à la fin de sa première année, entreprend de traverser son pays du Wisconsin au Mississippi en canoë pour achever sa rééducation. Il découvre l’hypnose en troisième année, obtient son diplôme de médecin en 1928. Il mène de très nombreuses recherches expérimentales cliniques sur les états modifiés de conscience, développe un art de la suggestion indirecte qui le rendirent célèbre, et furent à l’origine au grés des rencontres et travaux, de mouvements comme celui de l’école de Palo Alto (Grégory Bateson, Jay Haley, Paul Watzlawick et leurs études sur le double impératif contradictoire, l’autoréalisation des prédictions, ou encore les ultra solutions faisant disparaître le problème et tout ce qui l’entoure ….), ou la programmation neuro-linguistique (dont les fondateurs John Grinder et Richard Bandler passèrent beaucoup de temps à filmer et décortiquer la pratique d’Erickson en séance pour en modéliser les rouages). Il exerce chez lui, à Phoenix dans l’Arizona à partir du début des années cinquante à cause de sa santé précaire et d‘une nouvelle crise de poliomyélite, de manière totalement ouverte, disponible et non conformiste. Le nombre de ses patients traités par hypnose s’élèverait à plus de trente mille. Il s’éteint en mars 1980 après avoir essentiellement consacré les dix dernières années de sa vie à l’enseignement, marquant de sa personnalité les thérapies brèves et l’hypnose moderne.

Historique de l’Hypnose Ericksonienne